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Depuis plusieurs semaines, les éléments du puzzle géant mondial commencent à s’emboîter. La succession d’évènements que nous vivons depuis plusieurs années, n’est peut-être pas entièrement due au seul hasard. En y regardant avec un peu de recul, on peut discerner les différentes séquences qui nous ont conduit à la situation actuelle d’un monde de plus en plus divisé. Le premier de ces évènements est passé complètement inaperçu du grand public. En août 2019, lors de la rituelle rencontre des banquiers centraux à Jackson Hole (Wyoming), le gouverneur de la Banque d’Angleterre prononça un discours, assez anodin en apparence, mais lourd de sens de par ses conséquences.

Mark Carney attirait l’attention de ses collègues sur les dangers qui menaçaient le quasi-monopole du dollar, liés à l’essor économique de certains pays d’Asie. Il leur disait qu’ils allaient devoir « tuer le dollar » qui était pourtant l’instrument de leur puissance. Quelques mois plus tard, un virus provenant de Chine allait menacer l’économie mondiale. La publication d’un livre en juillet 2020 intitulé « COVID 19, la grande réinitialisation » (great reset en anglais) décrivait avec précision comment le bouleversement qui s’était opéré entre liberté et sécurité allait permettre un nouveau mode de gouvernement dans un monde qui, enfin, allait pouvoir s’unifier.

Fin 2020, la venue d’un vaccin salvateur d’un type nouveau qui devait guérir l’humanité a permis de restreindre encore davantage l’éventail des libertés individuelles. Le fait de refuser de se faire vacciner condamnait les gens à l’isolement social. Et les populations l’ont, dans leur grande majorité, accepté.

Une guerre peut en cacher une autre

Simultanément et sans bruit, une autre partie était en train de se jouer. Elle opposait l’élite financière internationale, qui ne devait sa position dominante qu’au dollar, dont elle contrôlait l’émission. Celle-ci se faisait sous forme d’une dette publique des États-Unis qui, en contre-partie, émettaient des « bons du trésor américain » (US bonds). Leurs adversaires avaient  formé une coalition de pays dont le seul point commun était de vouloir échapper à la servitude du dollar qui leur était imposée.

Il y avait bien, çà et là, quelques articles qui parlaient de la « dédollarisation » mais cela n’intéressait pas grand’monde.

Ce n’est qu’en février 2022, lors de l’application des sanctions imposées, sous couvert de l’ONU, par les États-Unis à la Russie, que cette « guerre des monnaies » éclata au grand jour. Ces sanctions, qui auraient dû « mettre à genoux » l’économie de la Russie, se révélèrent surtout coûteuses pour les pays de l’Union Européennes qui pouvait, jusqu’alors, s’approvisionner en gaz et en pétrole provenant de Russie à des prix très avantageux. Par contre, la rapidité dont a fait preuve la Russie pour  contourner ces sanctions témoigne d’une anticipation des évènements, non seulement de la part des dirigeants russes, mais aussi de beaucoup de leurs alliés. Les résultats des votes des différentes sessions des Nations Unies ont indiqué que le monde était en train de se diviser entre un Occident vassalisé par les États-Unis et un « reste du monde » mené par les BRICS que beaucoup de pays jusque-là plutôt « neutres »  envisageaient de rejoindre. Comme par hasard, un des engagements majeurs auquel il devaient souscrire étant de ne plus utiliser le dollar pour les transactions effectuées entre eux.

Un colosse aux pieds d’argile

Or, et c’est le point faible du dollar américain depuis 1971, celui-ci est une monnaie purement fiduciaire qui ne possède aucune valeur intrinsèque. Ce monopole de fait dont il jouissait depuis des décennies le rendait incontournable. La nécessité dans laquelle se trouvait l’ensemble des pays du monde de se prémunir des fluctuations de change éventuelles entre le dollar et leur propres monnaies les obligeait à acheter les bons du trésor américain  à la Réserve fédérale.

Ainsi, les dettes publiques contractées par les États-Unis se trouvaient exportées vers ces pays. Moins le dollar sera utilisé pour le commerce international et plus la puissance de l’élite financière mondialiste s’en trouvera diminuée.

Lorsque la dette américaine longtemps ignorée devient une menace

Une des conséquences directe de cette « guerre des monnaies » est que la dette publique américaine, dont personne ne se préoccupait jusqu’à un passé récent, comme en a témoigné le mot de John Conally lorsqu’il était secrétaire d’État au Trésor américain : « le dollar est notre monnaie et c’est votre problème » va devenir un problème crucial pour les contribuables américains.

Un récent article de Marc Lichtenfeld sur ce sujet démontre combien l’évolution de cette dette, qui avoisine aujourd’hui les 35 000 milliards de dollars, va devenir préoccupante et ses conséquences risquent de se révéler rapidement catastrophiques. Il souligne par ailleurs le peu d’intérêt que ce problème suscite auprés des candidats à la Maison Blanche pour l’élection de novembre. Il est impossible que les équipes de Donald Trump ou de Kamala Harris ignorent cette menace. Ils ne veulent pas l’évoquer car il n’ont aucune solution, et c’est ce qui est le plus inquiétant. Certes, la dette des USA n’est pas nouvelle. Ce qui est nouveau, c’est que les dirigeants américains vont devoir la prendre en compte et prendre des mesures nécessairement très impopulaires. Directement liée à la dédollarisation, cette dette qui paraissait indolore va voir ses effets néfastes s’accentuer au rythme de la perte d’influence du dollar.

La véritable guerre est celle des monnaies

Cette guerre qui oppose l’oligarchie financière mondialiste au reste du monde , que d’aucuns nomment « le grand Sud » surplombe aujourd’hui toutes les autres. Ceux qui demeurent incrédules doivent regarder comment la pandémie du COVID, en raison des décisions prises, souvent inefficaces, a fait évoluer les dettes publiques entre 2020 et 2022. C’était peut-être un des objectifs non-avoué ?

Jusqu’où peut aller cette guerre que l’oligarchie financière ne peut pas perdre sans remettre en question son existence même ? La suprématie du dollar est indispensable à l’établissement d’un monde « monopolaire ». Plus explicitement, ce monde monopolaire va de pair avec la mise en place d’un gouvernement mondial, qui sous-entend la disparition des Etats-nation et celle des souverainetés populaires. Ce ne peut être que l’apanage d’une élite. En face, les adversaires du dollar ont bien l’intention, à terme, d’organiser un monde « multipolaire » articulé au niveau des continents mais conservant les nations et les souverainetés populaires.

De plus, et cela peut-être un gage de paix, il devra être « Westphalien » et aucun de ses pôles continentaux ne devrait, à lui seul, être plus puissant que tous les autres réunis.

De ces deux visions opposées d’un même monde, la logique démocratique voudrait que les plus nombreux l’emportent. Dans cette hypothèse, les partisans du monde multipolaire représentent plus de 80 % de l’humanité. Pour autant, les partisans d’un monde monopolaire, projet qu’ils développent depuis plusieurs siècles, ont probablement encore les moyens de l’imposer au reste de l’humanité, mais le temps travaille contre eux.

Cette clarification paraît  indispensable afin que les peuples du monde puissent comprendre les véritables enjeux des évènements auxquels ils assistent. Ils doivent passer du statut de spectateur à celui d’acteur, condition sine qua non au libre choix de leur destin.

Jean Goychman 
article paru sur
Breizh-Info

 

 

Tag(s) : #Belgique, #Europe, #France, #Guerre, #Monde, #Social, #Économie
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