Pour comprendre le choix de Trump en faveur de l’homme appelé à le seconder, et peut-être à lui succéder… Puisque, sans parler de malheur, Donald ne pourrait briguer un troisième mandat… Lire les biographies rédigées à la hâte par les confrères ne suffit pas.
Il faut en appeler à des données échappant à la tyrannie de l’immédiateté. Relevant de la culture, de la psychologie collective et plus généralement d’un modèle de civilisation. Celui du rock’n roll et des road movies, mais aussi de l’esprit libertaire et du « rêve américain » qui est aussi australien : glorification des libertés individuelles et ascension sociale par le travail et le mérite. Contre la dictature des banksters du NWO.
L’esprit de gagne
Son absence est ce qui choque le plus chez nos nouvelles générations. Depuis l’homme fragile et pleurnichard chanté par Souchon jusqu’aux émasculés volontaires érigés en héros de la modernité, tout a été fait par l’école et les médias pour déviriliser les Français. Leur couper les couilles jusque dans la tête. Préparer leur soumission à l’islam.
J.D Vance est né « hillbilly ». Un stéréotype US difficile à traduire. Grosso modo, c’est le pauvre type inculte et mal embouché qui n’a jamais quitté son terroir, vivant en reclus dans les collines, sans entraves et sans ressources, s’habillant comme un épouvantail, jurant comme un charretier, picolant du whisky contrefait et dégainant son revolver pour un oui et pour un non. Je trouve ça plutôt sympa. En tout cas mieux que les minets efféminés qu’on nous présente comme des modèles à suivre.
Si le futur vice-président ne renie pas son passé, bien au contraire il aurait tendance à s’en glorifier, à mi-étape entre provocation et dérision, il mesure le chemin parcouru jusqu’au bureau de l’avocat d’affaires qu’il est devenu avant de faire de la politique. Tout en affichant son attachement aux gens comme lui qui n’ont pas eu sa chance.
Vance est un bagarreur. Comme Trump. Sa carrure et sa gueule parlent pour lui. Et il se dit bon chrétien. Mais pas au point de tendre l’autre joue quand on lui file une mandale.
Les vieux crocodiles savent qu’on ne rampe pas toute sa vie quand on a de la personnalité, du caractère et quelques talents. Soit on se suicide, soit on devient gangster, soit on prend la tangente et on va tenter sa chance sous d’autres cieux… La chance des Étasuniens est de ne pas avoir à aller bien loin pour maîtriser leur destin.
Un roman vrai
Le hillbilly Vance devenu juriste de renom, c’est une histoire authentique. Celle du minable qui a décidé de s’en sortir. Et a fait les efforts nécessaires pour cela. Mais son récit autobiographique, légèrement romancé, ne donne pas dans la complaisance et l’autosatisfaction qui pourrissent d’ordinaire ce genre d’ouvrage.
À la différence des jeunes gens « bien nés », il n’est pas passé directement de l’école secondaire à l’université. Il s’est engagé à 18 ans dans le corps des « marines ». Un des plus sélectifs. Des plus rudes aussi. Où la force de caractère compte autant que les capacités physiques. Combinant le baroud et le prestige puisque, en plus des opérations musclées, ils protègent la Maison Blanche et les ambassades.
Bien noté à l’armée, il bénéficie à la fin de son engagement d’une bourse pour reprendre ses études à la faculté de l’Ohio, parachevant sa formation par un doctorat en droit à 30 ans, à la prestigieuse université de Yale. Joli parcours pour un galopin des collines.
Difficile à comprendre dans une France d’assistés où l’ascenseur social est définitivement en panne.
Et où l’on fait tout pour décourager les rares ambitieux qui ne pleurnichent pas avec le troupeau et ne tendent pas la sébile. Les bosseurs, les inventeurs, les créatifs, les entrepreneurs sont au mieux des vaches à lait canalisées pour engraisser les parasites. Au pire, des ennemis à stigmatiser parce qu’ils osent démontrer que la résignation n’est pas une fatalité.
L’homme nouveau ou la femme nouvelle, « l’illou-helle » qu’on glorifie, c’est le pseudo-artiste sans public qui vit de subventions. Le bureaucrate parasite arrivé par piston et incrusté par lassitude de ses victimes. Le propagandiste médiatique soutenu par une coterie de rats visqueux nourris de leurs mensonges. La grande gueule syndicale ou associative qui s’impose par son pouvoir de nuisance auquel nul n’ose s’opposer.
C’est aussi le minus habens, cossard et inintelligent, qui a raté ses études. Mais à qui le militantisme d’extrême gauche a ouvert les portes du confort et de la renommée. Dis Boyard, pourquoi tu tousses ?
Ces gens ne servent à rien. Ne créent rien. N’apportent rien aux autres. Ni travail. Ni services. Ni aide. Ni tissu social. Des profiteurs dont la cohésion et la solidarité de crapules paralysent l’évolution de la société.
Tout aussi difficile à comprendre pour les abonnés au prêt-à-penser, la complexité des personnes vraiment libres
Comment un Vance « d’extrême drouâte », présenté comme un méchant raciste et un vilain xénophobe, a-t-il pu épouser une Indienne de gauche, Usha Chilukuri, juriste et boursière à Yale elle aussi, où ils se sont rencontrés… Ça va à l’encontre de la doxa gauchisante ! Puisque, par définition, elle fait partie des victimes et lui des oppresseurs.
Deux profils atypiques d’intégration réussie dans la société US, l’un par l’intérieur, l’autre par l’extérieur, bien qu’elle soit toujours hindouiste et lui catholique… En outre, elle est toujours enregistrée sur les listes électorales comme « démocrate ». Mais elle vote « républicain » depuis 2022. Pas pour « obéir à son mari » comme un petit Gaulois islamisé pourrait le croire. Mais parce qu’elle pense que Biden ne fait plus l’affaire.
Tout, dans le parcours de son presque quadra de mari, va à contre-courant des idées reçues, ou plutôt imposées par les médias français comme des vérités irréfragables. Ainsi, les oppresseurs, les violeurs, les salauds sont obligatoirement des mâles blancs. Les « petits Blancs » oubliés dans leurs collines par la prospérité générale et la société de consommation constituent déjà une anomalie en soi. Comme les poissons volants.
La clé du succès de Trump
Prémonitoire, « hillbilly elegie » permet de comprendre l’élection improbable « du Donald » à la stupéfaction, puis au dépit haineux de tous les beaux esprits des merdias et de l’establishment.
Pourtant, cet ouvrage a été écrit avant que Trump ne soit désigné comme candidat par les primaires républicaines de 2016. À la surprise générale, y compris dans son propre camp.
Or il donne les clefs du facteur décisif qui a emporté la victoire de Trump : le basculement de son côté des « petits Blancs », électeurs traditionnellement démocrates, dans des États plus ou moins « swing states » ravagés par la faillite des vieilles industries métallurgiques : Illinois, Indiana, Michigan, Ohio, Pennsylvanie, West Virginia, Wisconsin, bref, les résidus de la « Rust Belt », la ceinture de rouille d’antan où prospéraient les industries lourdes, hauts fourneaux, charbon, acier.
On a connu de douloureux épisodes de désindustrialisation, aussi, en France. Et les populations oubliées, délaissées, méprisées, de ces anciens bastions communistes sont passées au FN. Mais des beaux esprits l’ont nié. Puis ont fait mine de s’en étonner. Avant de tourner des explications tarabiscotées.
Parce que, à la différence de Terra Nova cynique et de Mélenchon sinoque, il leur était pénible de devoir reconnaître que la gauche avait délibérément abandonné ceux qu’elle était censée défendre, pour aller grappiller des voix improbables sur les souks et dans les mosquées.
Christian Navis
article paru sur Riposte Laïque