Depuis le 1er juillet, la Hongrie assume la présidence du Conseil de l’Union européenne
La présidence tournante du gouvernement hongrois au Conseil de l’Union européenne a débuté il y a seulement dix jours et devrait durer six mois, mais certains pays voudraient déjà y mettre fin. Ainsi va la censure de l’Union Européenne, seuls ceux qui pensent « correctement » peuvent « régner ».
La mission de paix internationale d’Orbán irrite Ursula and Co
Depuis le 1er juillet, la Hongrie assume la présidence du Conseil de l’Union européenne. Viktor Orban a entamé une série de voyages internationaux, en Ukraine, en Russie, en Chine, auprès d’Erdogan et de Trump, pour promouvoir la paix en Ukraine. Une initiative qui a le don d’irriter grandement Ursula von der Leyen, les technocrates bruxellois et les gouvernements « d’extrême-centre » et anti-russe.
L’idée de mettre fin plus tôt à la présidence hongroise, ou du moins de sanctionner d’une manière ou d’une autre le comportement d’Orbán, circule depuis des semaines : mais il n’y a pas de moyen facile d’y parvenir, et à l’heure actuelle, plusieurs pays tentent de contenir la présidence hongroise de manière plus informelle.
La question de savoir s’il était opportun ou non de confier à la Hongrie la tâche de diriger et de représenter l’Union européenne pendant les six mois habituels attribués aux 27 États membres s’était déjà posée il y a plusieurs mois chez les tenants du politiquement correct au sein de l’union Européenne, mais aucune des hypothèses alternatives ne semblait plausible.
La protestation des macronistes contre Orban
« Le Premier ministre hongrois sape les positions adoptées par l’Union européenne et agit contrairement à nos intérêts : cela doit cesser. Il est temps de mettre un terme à la présidence voyou du Conseil de Viktor Orbán. »
Ce sont les mots durs de la présidente de Renew Europe, la Française Valérie Hayer. Le représentant du parti Macroniste Renaissance a invité le Conseil européen à « explorer tous les instruments juridiques » pour mettre fin à la présidence de Budapest et la remettre à la Pologne, qui devrait l’assumer à partir du 1er janvier 2025. « Sa fausse mission de paix est une menace pour la sécurité, sa communication solitaire n’est qu’un écran de fumée pour ses intérêts et échoue lamentablement », a souligné Hayer.
Le président de Renew a demandé un débat urgent sur le comportement de la présidence hongroise lors de la première réunion du nouveau Parlement européen, qui se tiendra la semaine prochaine à Strasbourg. Concrètement, les libéraux, affaiblis après les dernières élections européennes, souhaitent que le président du Conseil européen, le Belge Charles Michel, clarifie les responsabilités et le mandat de la présidence d’Orbán en matière de politique étrangère. Ils souhaitent également que le président du Conseil européen déclare clairement qu’Orbán « ne parle pas au nom de l’UE ».
Boycott institutionnel
Certains États membres ont parlé d’un véritable abus de la part d’Orbán, qui aurait profité de la présidence du Conseil de l’UE pour donner plus de poids aux négociations avec Moscou. Lors d’une conférence de presse tenue le 10 juillet à Bruxelles, le ministre hongrois de l’UE, János Bóka, a affirmé que les discussions « n’ont pas été menées au nom de l’UE, elles n’ont pas été menées sur la base d’un mandat des institutions européennes, ni au nom de l’Union européenne ». Des assurances qui n’ont servi à rien.
Malgré la controverse, retirer la présidence à Orbán s’avère plus compliqué que prévu, de sorte que la seule voie qui reste aux institutions européennes et aux autres États membres reste de délégitimer la présidence hongroise et de « boycotter » le semestre avec une série de marque d’irrespect et d’indélicatesse.
Selon des experts consultés par Politico, la Cour de justice de l’UE s’y opposerait et les Etats membres eux-mêmes craignent de créer un précédent qui pourrait se retourner contre eux dans un avenir proche.
La Commission européenne et les pays membres adoptent donc une série de mesures contraires à l’étiquette institutionnelle habituelle pour envoyer des messages clairs de désapprobation à l’encontre du dirigeant hongrois. Par exemple, certains chefs d’État et ministres ont décidé d’envoyer des délégués « mineurs » et des suppléants aux réunions informelles organisées à Budapest pour les différents secteurs de compétence de l’UE. Ce sont de petits gestes, mais ils ont un certain poids dans la dynamique de l’Union européenne. À Bruxelles, cependant, certains craignent qu’Orbán ne leur fasse payer le prix fort de ces représailles.
Francesca de Villasmundo
Source: Médias-Press-Info