11 novembre - journée du Souvenir

Bientôt le 102e anniversaire de la signature de l'Armistice le 11 novembre 1918.

Cette commémoration rassemblera quelques édiles et quelques curieux pour célébrer la fin d’une guerre fratricide et la délivrance de notre pays, largement abreuvé du sang de nos arrière-grands-parents.
 

J’ai connu les écoles primaires se rendant au Monument aux Morts ce matin-là et, l’après-midi qui suivait, où mon instituteur expliquait la grande guerre et le legs miraculeux de cette terre aimée au point que de mourir pour sa défense.

C’est l’époque où mon cœur d’enfant s’est emparé de ce terroir si précieux qui m’avait été donné et auquel je suis resté farouchement attaché. À l’État ? Non, mais au lieu où ont poussé et grandi mes racines. Elles furent mes parents, ma maison, nos voisins, mon école, mon église, mon instituteur, mes condisciples, nos fêtes communes et surtout la langue française qui a été, à travers ses merveilleux écrivains et poètes, ma principale éducatrice.

Quelle différence avec le monde d’aujourd’hui où cette histoire tragique de quatorze/dix-huit tout, comme celle de quarante/quarante-cinq appartient au siècle dernier et qui s’atténue au fil du temps. Et pourtant elle s’inscrit comme un avertissement que les jeunes générations ne veulent pas ou plus voir.

Mon éducation chrétienne, malgré que je sois devenu athée, me rappelle cette citation de ce révolutionnaire que fut Jésus « Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perdait son âme ? ». L’âme de mon peuple, c’est son identité dans laquelle je me reconnais. Or ces deux guerres nous ont démontré que toujours les envahisseurs la méprisent en tentant d’imposer la leur et leurs lois. Il faut remarquer qu’une invasion, mot qui signifie pénétration massive, envahissement important, ne se fait plus nécessairement par les armes mais aussi par apport de populations étrangères dont le nombre grandissant finit par imposer leur loi sur le territoire.

L’Occident est en voie d’occupation et en perte d’identités, avec la complaisance des autorités nationales au nom des droits de l’homme devenus depuis peu les droits humains.
Habile et sournoise interprétation et mutation de la Déclaration des Droits de l’Homme et du CITOYEN (1789).

Or que signifie ce mot citoyen ? L’Académie française le définit comme « Ressortissant d’un État, qui y jouit de la plénitude des droits civils et politiques ». Il est donc évident que les étrangers à une nation ne sont pas concernés par ces fameux droits, à moins d’acquérir la citoyenneté à leur demande et acceptée selon certains critères d’adaptabilité à ce peuple qu’ils vont rejoindre.

Ce n’est pas le cas actuellement et le 11 novembre est un jour utile pour ce rappel de nos ancêtres, aimer son pays au prix de mille souffrances, cela s’appelle du patriotisme.

Et pour tout cela, le poète a la tristesse dans l’âme !

René G. Thirion

À l’ombre du 11 novembre

Ils se dressent fantômes boueux
À l’uniforme couvert de sang
Reproche terrible et silencieux
Adressé à leurs petits enfants

Pour leur pays ils ont tout donné
Leur corps subissant mille douleurs
Au cours de ces assauts répétés
Menés contre les envahisseurs 

Le gaz se mêlant aux obus
Dans une symphonie d’enfer
Leur désespoir était absolu
Qu’étaient devenus leurs êtres chers

C’était pourtant de gens paisibles
Que la guerre avait précipité
Dans cette boucherie horrible
Où l’instant durait l’éternité

Sortant des tranchées en hurlant
Ils s’élançaient sous la mitraille
Jusqu’à ce qu’ils tombent en gémissant
Le sang coulant de leurs entrailles

La mort n’avait aucune pitié
Et voyait avec délectation
Ces trop nombreux hommes s’entretuer
Lui offrant la plus belle moisson

Aujourd’hui qui se souvient vraiment
Des spectres que l’on ressuscite
Dans l’ombre triste d’un monument
Où l’on verse un pleur hypocrite

Car personne ne veut imaginer
Qu’un jour revienne ce temps maudit
Où la terre peut s’ensanglanter
Sous les coups de crosse et de fusil

Georges Bleuhay