La magouille sémantique du Premier ministre français Michel Barnier qui innove un nouveau concept politique digne de la pensée macronienne du « en même temps, alliance du tout et son contraire. Il est le patron, non pas d’une majorité qui le soutient au parlement, mais d’une majorité « plurielle », c’est-à-dire un rassemblement hétéroclite de partis qui ont des engagements et des intérêts divergents » et qui tentent de s’imposer sur leurs associés en vue des prochaines élections.
Nous connaissions la majorité simple, relative, qui est celle qui recueille le plus grand nombre de voix ou même qualifiée aux deux tiers ou trois quarts. Désormais, nous pouvons y ajouter la « plurielle », celle du bric-à-brac politicien, celle du chaos provoquant une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale peut-être secrètement espérée par un président égocentrique et narcissique, blessé par l’humiliation de voir son parti perdre sa majorité relative, être battu ensuite aux élections européennes et subir un nouvel et cinglant échec aux législatives anticipées qu’il avait provoquées.
Pourquoi Macron voudrait- il une censure qui conduirait une nouvelle dissolution de l’Assemblée ? Mais Macron est vaniteux au point de ne pas supporter l’humiliation de perdre son pouvoir absolu et l’estime qu’il pense en retirer sur le plan international. La banqueroute de l’État est proche, sa dette est devenue abyssale et l’Union européenne considère désormais la France comme une nouvelle Grèce au risque de la mettre sous tutelle. D’autre part, la constitution ne permet pas l’appel à de nouvelles élections avant juin 2025. Le chaos parlementaire devant conduire inévitablement à une motion de censure majoritaire, la République serait en péril et en état d’urgence. Que faire ?
« L'article 16 de la Constitution peut être déclenché en cas de menace grave et immédiate contre les institutions de la République et si le fonctionnement régulier des pouvoirs publics est interrompu, le président de la République exerce alors les pouvoirs législatif et exécutif. »
La réponse unique, politique et légale se trouve dans cet article explicite, Macron exercera un pouvoir total sur le pays. Il deviendra alors un dictateur à la manière de la Rome antique, c’est à dire un magistrat exceptionnel exerçant sa fonction pendant une durée limitée. Il était nommé en cas de crise grave que les consuls n'arrivaient pas à résoudre. Il disposait alors de tous les pouvoirs et avait obligatoirement pour second un maître de cavalerie.
Les grandes questions que cet éventuel événement pose sont, quelles lois d’urgence pourrail-il édicter ? Quelle serait l’attitude du Conseil constitutionnel ? Et celle de l’Europe ? Des émeutes populaires pourraient-elles se produire ? Comment les forces de l’Ordre réagiraient-elles ? Et l’armée ?
La France est en train de sombrer et les citoyens lucides pleurent sur l’absence d’un capitaine et d’un équipage compétent. Diogène, philosophe grec, se promenant une lanterne à la main en plein midi, répondait à ceux qui l’interrogeaient « Je cherche un homme ». Les Français sont dans la même quête depuis trop longtemps !
Georges Bleuhay