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Une analyse intéressante parue dans Boulevard Voltaire que j'ai tenu à republier sur ce blogue.

La comédie à laquelle nous assistons depuis quelques jours autour de la loi immigration nous montre une seule chose : malgré la foule innombrable de ceux qui revendiquent la victoire, tout le monde a perdu.

On peut faire beaucoup de reproches à la gauche, mais il faut lui reconnaître cette vertu, unique en l’espèce. Elle est la seule à reconnaître qu’elle a été défaite. La virulence avec laquelle elle le dit est significative. Son long hurlement à la mort indique qu’elle a perdu, au moins sur ce point, le magistère moral qu’elle exerçait sans concurrence depuis quarante ans. On passera sur les délires type « retour du IIIe Reich » et le déni de réalité qui sous-tendent cet aveu de débâcle.

Le Rassemblement national prétend qu’il a gagné la partie. En fait, il l’a perdue lui aussi. D’abord parce qu’il a voté un texte légalisant des situations qu’il avait lui-même fixées comme des lignes rouges infranchissables : la régularisation des travailleurs clandestins. Ensuite, un vote contre du groupe du RN aurait entraîné le rejet du texte, et donc des conséquences politiques lourdes. Au moins la démission d’Élisabeth Borne, au plus une dissolution de l’Assemblée nationale. Seraient-ce de si mauvaises nouvelles ? Le RN a fait le choix de soutenir l’exécutif, ainsi renforcé dans sa capacité à continuer de détruire la France pour les quarante-deux mois à venir. En tout cas, il sera désormais plus difficile de s’opposer au gouvernement, sur ce sujet à tout le moins.

Les Républicains ont perdu. Le texte qu’ils ont présenté et voulu soutenir du Sénat à l’Assemblée nationale présente, aux dires même du gouvernement, de lourdes difficultés constitutionnelles. Que restera-t-il de ce texte, une fois que les « sages » du Conseil constitutionnel puis les instances européennes l’auront passé à la moulinette, sinon un formidable coup de main au président de la république et son Premier ministre, une fois de plus ? Sans doute pas grand-chose. À la fin du compte, ce texte ne changera rien à notre politique migratoire, alors qu’elle devrait être revue en profondeur. Qu’auront gagné les Républicains dans cette affaire ? Quelques jours passés au centre de l’échiquier politique dont plus personne ne se souviendra à la Chandeleur.

Le ministre de l’Intérieur, le Premier ministre et le président de la République prétendent qu’ils ont gagné. Ils ont perdu. Même si la Macronie presque entière se félicite du résultat, on ne fait pas avaler des chapeaux, des couleuvres, des rubans et je ne sais quoi d’autre à sa majorité sans conséquences. En fait, l’exécutif avait besoin d’une attitude bienveillante des oppositions de droite pour que ce texte vide soit adopté et rester tranquillement aux affaires. La brutalité du résultat oblige à reconnaître qu’il a obtenu cette bienveillance et, donc, qu’il a réussi. Cela étant dit, cette réussite est trompeuse : il n’est pas dit que la majorité présidentielle puisse survivre à l’overdose de moraline qu’elle s’est injectée à répétition dans le bras gauche depuis quelques jours, et qui provoque chez les Français le renforcement d’une exaspération déjà vive.

À la fin du compte, le peuple français est encore le grand perdant de cette histoire. Il réclame à cor et à cri non pas la contention de l’immigration illégale mais l’arrêt de l’immigration légale. Et, plus largement, la fin de cette complaisance paresseuse avec laquelle on autorise les étrangers à séjourner sur notre sol ou à acquérir la nationalité française, sans aucune espèce de précaution, ni d’efforts, ni de contrepartie, ni de limite. Rien qui aille dans ce sens ne figure dans la loi, dont les plus modestes aspects de fermeté ne manqueront pas d’être annulés par le gouvernement des juges.

Pendant que le peuple français assiste, désabusé, à cet effrayant concours de celui qui urinera le plus loin, la Commission de Bruxelles impose, ces jours-ci, aux pays de l’Union européenne une politique migratoire qui rend à peu près inutile toute disposition ou toute posture qui ne nous débarrasserait pas de la tutelle de l’Europe sur la France. Une fois de plus, le Parlement français s’est trompé de combat et notre exécutif a déserté le vrai champ de bataille. Tout le monde a effectivement perdu.

Jean-Frédéric Poisson 
Ancien député des Yvelines, président de VIA - La Voie du Peuple
Boulevard Voltaire

Tag(s) : #Europe, #France, #Information, #Monde, #Social
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