Il m'a semblé particulièrement intéressant de partager cette information publiée par Breizh-Info au moment où il s'avère que l'Union européenne est secouée par un scandale de corruption et apparemment ignorée par les médias, aux ordres comme toujours !
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, peut être rassurée : elle n’aura finalement pas à se présenter à une audition publique devant le Parlement européen pour s’expliquer sur son rôle joué dans la signature d’un contrat de 35 milliards de dollars pour l’achat par l’UE de vaccins auprès de Pfizer. Société dont le PDG a été lui aussi « ménagé » par la Conférence des présidents des groupes politiques du Parlement européen.
Achats de vaccins et SMS : Ursula von der Leyen a le temps de voir venir
Le suspense n’aura pas duré longtemps. À la mi-janvier 2023, nous informions nos lecteurs que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait été enjointe de s’expliquer publiquement devant la « Covi », à savoir la commission spéciale sur la pandémie de Covid-19 (une entité composée d’une présidente, de quatre vice-présidents et de 33 membres députés européens) sur son rôle dans la signature d’un contrat passé au mois de mai 2021 pour l’achat de vaccins Pfizer (et portant sur un montant de 35 milliards d’euros). C’est dans le cadre de la préparation de ce contrat qu’elle aurait échangé des SMS avec le patron de Pfizer, Albert Bourla.
Toutefois, malgré les sollicitations précédentes, Ursula von der Leyen n’avait jamais répondu aux questions sur ces contrats passés entre la Commission européenne et Pfizer. Pas plus que les investigations du médiateur de l’UE et celles de la Cour des comptes n’avaient permis d’éclaircir ces conditions opaques…
Mais la nouvelle demande de cette commission spéciale devant permettre au Parlement d’obtenir une transparence totale sur les modalités de ces dépenses et les négociations préliminaires qui y ont conduit était soumise à l’approbation de la présidente du Parlement, Roberta Metsola, « la femme aux 142 cadeaux », à qui il revenait de demander, ou non, à Ursula von der Leyen de venir assister à l’audition. Tout en sachant que cette « invitation » n’avait aucune valeur juridique, laissant donc la porte ouverte à un refus de la présidente de la Commission européenne.
Un manque de transparence pour répondre au manque de transparence…
Et, devinez quoi ? La Conférence des présidents des groupes politiques, une instance européenne réunissant tous les présidents des groupes politiques lors des séances plénières à Strasbourg ainsi que Roberta Metsola, a finalement renoncé, le 16 février, à interroger publiquement Ursula von der Leyen sur les contrats en question.
En lieu et place, ils ont décidé de demander à la présidente de la Commission européenne de venir répondre aux interrogations dans le cadre d’une audition privée. Sans par ailleurs qu’aucune date n’ait été fixée.
Une décision particulièrement ironique puisque la controverse entourant les négociations d’Ursula von der Leyen avec Pfizer portait précisément sur le manque de transparence. Désormais, les discussions qui auront lieu (si elles ont lieu un jour…) se dérouleront devant des députés européens de haut rang et à l’abri du regard du public. Par ailleurs, ce refus est également un désaveu pour la commission spéciale sur la pandémie de Covid-19 du Parlement européen.
À noter cependant que le groupe de droite des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) et le groupe Identité et Démocratie ont fait pression pour qu’Ursula von der Leyen soit davantage responsabilisée en lui demandant de s’adresser à l’ensemble de l’assemblée plénière ou de s’exprimer devant la commission spéciale. L’eurodéputé néerlandais Robert Roos, coordinateur de la commission « Covi » pour le groupe ECR, a qualifié cette décision de « honteuse ».
« Von der Leyen a négocié un accord de plusieurs milliards de dollars avec l’argent des contribuables européens. En tant que Parlement européen, nous devrions être en mesure de lui demander des comptes. Une réunion secrète avec seulement les présidents des groupes politiques n’est pas une responsabilité », a-t-il déclaré.
La bienveillance du Parlement européen à l’égard du PDG de Pfizer
D’autre part, la Conférence des présidents des groupes politiques était manifestement dans un jour de grande bonté ce 16 février puisqu’elle a également décidé de ne pas révoquer l’accès des lobbyistes de Pfizer au Parlement européen. Une mesure qui touche par exemple les dirigeants de Monsanto (entreprise commercialisant notamment des pesticides) depuis 2017.
Deuxième désaveu pour les parlementaires de la commission spéciale sur la pandémie de Covid-19 puisque ce sont ces derniers qui avaient émis le souhait, il y a quelques semaines, de supprimer les privilèges d’accès dont disposait jusqu’à présent Albert Bourla au Parlement européen en raison de sa volonté manifeste de ne pas vouloir s’expliquer.
En effet, convoqué une première fois le 10 octobre 2022 par la commission spéciale, le patron de Pfizer avait décliné l’invitation. Tout comme il n’avait pas donné suite à celle du mois de décembre 2022.
Dans un contexte où la réputation du Parlement européen a été mise à mal avec l’affaire du Qatargate, ces deux décisions ne vont pas contribuer à redorer l’image de l’institution strasbourgeoise auprès des peuples européens.
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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