Il y a deux ans, dans mon petit coin de Normandie nous nous sommes retrouvés sans électricité un mardi matin dans la totalité de notre ville. Les commerçants, comme les supermarchés n’étaient tout simplement plus en mesure de mener leurs opérations. Il était devenu impossible d’acheter, puisqu’il était impossible de payer avec sa carte bleue.
Il y a un an, nous avons perdu la liaison Internet dans toute notre ville car quelques petits margoulins s’étaient évertués à couper le câble. Les commerçants, comme les supermarchés n’étaient tout simplement plus en mesure de mener leurs opérations. Il était devenu impossible d’acheter, puisqu’il était impossible de payer avec sa carte bleue. Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait plus de liaison internet pour « interroger » le central visa.
Pourquoi vous parler de mes misères normandes me direz-vous ?
Simple. Pour mieux vous parler de l’Allemagne !
En effet c’est une dépêche exclusive de l’agence de presse Reuters qui nous apprend que :
L’Allemagne renforce ses plans d’urgence autour du cash pour faire face à une panne d’électricité
Je cite les « autorités allemandes intensifient leurs préparatifs pour des livraisons d’urgence d’argent liquide en cas de panne d’électricité afin de faire tourner l’économie, ont déclaré quatre personnes concernées, alors que le pays se prépare à d’éventuelles coupures d’électricité dues à la guerre en Ukraine.
Les plans comprennent la Bundesbank, la banque centrale allemande, qui stocke des milliards supplémentaires pour faire face à une augmentation de la demande, et des limites possibles sur les retraits, a déclaré l’une des personnes.
Les responsables et les banques se penchent également sur la distribution, discutant par exemple d’un accès prioritaire au carburant pour les transporteurs de fonds, ont indiqué d’autres personnes, commentant les préparatifs qui se sont accélérés ces dernières semaines après que la Russie a réduit l’approvisionnement en gaz.
Les discussions de planification impliquent la banque centrale, son régulateur des marchés financiers, la BaFin, et de multiples associations du secteur financier, ont déclaré les personnes, dont certaines ont parlé sous couvert d’anonymat de plans qui restent confidentiel et sont en cours d’élaboration.
Bien que les autorités allemandes aient publiquement minimisé la probabilité d’une panne d’électricité, les discussions montrent à quel point elles prennent la menace au sérieux et à quel point elles ont du mal à se préparer à d’éventuelles pannes de courant dévastatrices causées par la flambée des coûts de l’énergie ou même par un sabotage.
L’accès à l’argent liquide est une préoccupation particulière pour les Allemands, qui apprécient la sécurité et l’anonymat qu’il offre, et qui ont tendance à l’utiliser plus que les autres Européens.
Environ 60 % des achats quotidiens sont réglés en espèces, selon une étude récente de la Bundesbank qui a révélé que les Allemands retiraient en moyenne plus de 6 600 euros par an, principalement aux distributeurs automatiques.
En cas de panne d’électricité, les responsables politiques pourraient envisager de limiter le montant des retraits d’argent liquide, a déclaré l’une des personnes interrogées.
Si l’une des faiblesses mise en évidence par la planification concerne les entreprises de sécurité qui transportent l’argent de la banque centrale vers les distributeurs automatiques et les banques, la réalité est bien plus complexe.
Les distributeurs automatiques marchent à l’électricité.
Les caisses enregistreuses marchent à l’électricité, de même que les frigos des supermarchés, que les pompes des stations-services, de même que celle du service des eaux, ou encore les transports en commun sans même parler des voitures électriques qui par définition marchent à l’électricité !
Si l’on y pense bien, avoir un plan d’urgence pour distribuer du cash et rendre prioritaire l’accès aux pompes aux convoyeurs de fonds peut sembler une bonne idée, mais qui dans la vraie vie ne tiendra que le temps d’un instant. Les pompes ne marcheront pas faute d’électricité et les billets de banques ne seront pas distribués.
Sans électricité et sans pétrole, nos villes ne tiennent pas. Une ville de plusieurs millions d’habitants, sans réseaux d’eau, sans approvisionnement, sans congélateur ou chaîne du froid, sans transport en commun n’est tout simplement plus vivable.
Nos villes, tentaculaires, sont les filles de « l’oléocène », l’âge du pétrole et de l’énergie abondante et pas chère.
Avant la révolution industrielle, il n’y a jamais eu de ville dépassant le million d’habitants pour la simple et bonne raison qu’une telle ville n’est pas soutenable sans une profusion de dépenses d’énergie.
Si disposer d’une réserve d’urgence d’espèces est une bonne idée, en cas d’extinction de l’électricité, la réalité c’est que personne n’est prêt. Pas un seul gouvernement. Encore moins dans une société qui est presque partout désormais totalement digitalisée.
Je ne vous parle pas d’une panne de quelques heures, mais dans le cas d’une panne de plusieurs jours, alors ce sera compliqué, très compliqué pour tous les citadins qui y seront confrontés.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Charles Sannat
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