Partout en Europe le problème est le même et partout les conséquences de ces problèmes sont identiques. Partout les réactions gouvernementales sont semblables c’est-à-dire qu’il n’y en a aucune. Rien.
Le problème vous le connaissez. C’est le calcul du prix de l’électricité qui est basé sur un mode lui-même indexé sur le prix du gaz en étant totalement déconnecté du prix réel de production. Moins de 50 euros le MWH en France, mais 1 000 euros en prix de vente sur les « marchés ». Délirant.
Les conséquences, vous les connaissez aussi. C’est un prix tel de l’énergie que quantités de production ne peuvent plus être produites parce que ce n’est plus rentable de le faire.
Mais les conséquences non encore visibles sont en réalité gravissimes et multiples.
Aujourd’hui je voulais que l’on s’arrête quelques instants sur la chaîne du froid et les surgelés.
En France silence radio pudique sur l’avenir des surgelés et des congelés ! Pourtant en Belgique, le problème, lui, est déjà évoqué, certes sur la pointe des pieds.
Crise énergétique : les surgelés trop chers à stocker, les magasins s’adaptent
« Vendre des produits surgelés, c’est s’engager à laisser tourner les congélateurs jour et nuit pour ne pas briser la chaîne du froid. Toutefois, depuis que la Russie a lancé son offensive en Ukraine, en février dernier, les prix de l’électricité explosent et un congélateur en consomme beaucoup. Face à cette nouvelle donne, les petites et moyennes entreprises s’adaptent.
Eteindre les congélateurs n’est pas une option pour les gérants de « Nordic Centre » à Péronnes-lez-Binche, dans la région du centre. La surface commerciale est presque entièrement dédiée à la vente de surgelé. Le congélateur de stockage peut accueillir jusqu’à 180 palettes. La marge de manœuvre pour faire baisser la facture d’énergie y est donc plus limitée, « on ne peut pas baisser la température et on en pas réduire la quantité stockée, on doit, au contraire, faire rentrer les produits pour anticiper les fêtes de fin d’année », explique Claudy Hobst, le responsable du magasin.
Ici, la solution réside dans les investissements. Les congélateurs et les réfrigérateurs sont alimentés par des moteurs indépendants. « On va investir dans une centrale au CO2, un moteur qui alimente toutes les machines et qui est moins énergivore ». La société devra toutefois mettre la main au portefeuille, « il faudra plusieurs années pour amortir l’investissement » ajoute Claudy Hobst.
Le secteur du stockage dans l’impasse
Les sociétés qui se concentrent uniquement sur le stockage réfrigéré doivent en revanche subir les coûts de plein fouet. « La facture peut dépasser le million d’euros » selon l’UBPIF, l’Union Professionnelle Belge de l’Industrie du Froid. »
« Nous avons demandé de l’aide à l’Etat en tant qu’Union professionnelle mais on nous répond qu’il faut être patient ».
Cette hausse des coûts se ressent déjà sur les tarifs de stockage. Si laisser une palette au frais pendant une semaine ne coûtait que deux euros il y a quelques mois, aujourd’hui, cela coûte le triple ».
Ce n’est pas juste quelques usines le problème, c’est toute l’économie !
Le gouvernement et les technocrates pourraient croire que le problème ne se pose que pour quelques industries appelées en langage administratif les « électro-intensifs ».
La réalité c’est que comme à chaque fois, ils se trompent.
Cela concerne toute l’économie.
Vous pensez que la restauration collective est possible sans surgelés ?
Que l’agro-industrie peut tourner sans congeler des aliments ?
Vous croyez un seul instant que l’on peut apporter des plateaux dans les hôpitaux, dans les prisons sans sous-vide (il faut de l’énergie pour le vide) sans cellule à refroidissement rapide (il faut beaucoup d’énergie pour descendre des aliments très vite en température). Vous croyez que l’on pourra avoir une chaîne du froid efficace avec des voiturettes électriques ?
C’est toute la chaîne alimentaire qui est touchée de plein fouet non pas par les pénuries mais par un mode de fixation des prix délirant !
NON il n’y a pas de pénurie d’énergie !
Malgré tout ce que vous pouvez entendre à la télé, non, il n’y a pas de pénurie d’énergie.
Il n’y a pas de coupure d’électricité en France.
Non nous ne produisons pas l’essentiel de notre courant avec du gaz russe contrairement aux Allemands.
Non, nos usines ne manquent pas d’électricité.
Je ne vous dis pas qu’il ne faut pas faire d’effort. Il faut en faire, ne serait-ce que pour dégager des capacités pour aider les Allemands parce que c’est ce qui doit-être fait.
Oui il faut économiser.
Mais économiser ne veut pas dire vendre à un prix délirant déconnecté de toutes les réalités économiques et tuer notre système productif, commercial et alimentaire.
En Belgique comme en France, les Etats sont absents et ne traitent pas le problème.
» Nous avons demandé de l’aide à l’Etat en tant qu’Union professionnelle mais on nous répond qu’il faut être patient ».
La réponse belge est la même chez nous.
Et vous savez pourquoi ?
Parce que la Belgique, comme la France, ne veulent pas prendre la décision de revenir comme l’ont fait l’Espagne et le Portugal sur le mode de fixation des prix de l’énergie en Europe.
Pourquoi ?
Parce que l’Allemagne ne le veut pas.
Alors on tergiverse et l’on tente de contourner le problème en inventant des solutions encore plus délirantes les unes que les autres et encore plus compliquées.
Au lieu de dire que l’on fixe le prix de vente de l’énergie par rapport à son coût de production plus une marge, non, on évoque la possibilité de limiter les prix du gaz, pour faire baisser les prix de l’énergie indexés sur le prix d’un gaz qui ne nous est plus livré par la Russie. Bref, du délire total.
Du délire total parce que l’Europe nous a conduit dans un délire technocratique ou plus personne n’ose affronter la grande Allemagne.
Alors, nous attendons.
Et notre industrie se meurt.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles Sannat
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