Ce 25 avril, Sergeï Lavrov, le chef de la diplomatie russe a alerté l'opinion internationale sur cette escalade militaire exacerbée par les aides militaires occidentales exponentielles à l'Ukraine, soulignant que "le risque de Troisième guerre mondiale est réel".
Pendant les 20 dernières années, tandis que l'OTAN poursuivait inexorablement sa reptation vers elle, la Russie a tout fait pour combler les trous dans sa raquette défensive qui étaient la conséquence de plus de 10 ans de délabrement politique moscovite d'abandon militaire et de corruption monstrueuse, Washington a vu les progrès impressionnants des armements russes qui permettent depuis 2008 des réactions également de plus en plus fortes du Kremlin face à l'hégémonie de l'OTAN.
Voilà pourquoi les faucons de Washington pressés par leur propre effondrement économique, ont décidé de jouer le tout pour le tout et d'ouvrir en 2014 un conflit purulent sur le flanc occidental de la Russie en ordonnant à leurs auxiliaires de Kiev d'y jeter du sel pour que jamais ne s'accomplissent les accords de paix signés à Minsk.
Aujourd'hui, après cette première étape impérialiste géopolitique au cours de laquelle le conflit local et asymétrique du Donbass a été joué, l'Hubris occidental est entré une deuxième étape militaire, cette fois régionale et symétrique et où apparait déjà une dimension internationale avec une OTAN déjà engagée contre la Russie sur le plan de la logistique et du renseignement militaire.
Mais en cherchant à rééquilibrer le rapport des forces technologiques actuellement défavorable à l'Ukraine par un rééquipement énorme dans des types de matériels détruits (artillerie aviation...) et jusqu'à vouloir saturer le champ de bataille avec certaines armes, par exemple les missiles antichars et antiaériens modernes, les occidentaux basculent sciemment vers une mondialisation du conflit. Et ce n'est pas Poutine qui l'a dit en premier, mais Biden lui-même qui, commentant l'idée de la Pologne de livrer ses Mig 29 à Kiev, avait refusé arguant du fait que "cela serait considéré comme un "casus belli" par Moscou" (et les Mig 29 avaient même été rapatriés sur la base de Ramstein en Allemagne).
Ne nous y trompons pas, toutes ces perfusions logistiques hallucinantes envoyées aux forces armées ukrainiennes par Washington et ses laquais ne cherchent pas à sauver le régime de Kiev ou je ne sais quel fantasme démocratique hypocritement agité au-dessus des troupeaux occidentaux. Le fait est que Biden n'en a strictement rien à faire des pertes ukrainiennes (et même européennes), tant que leur sacrifice est utile au business étasunien de l'armement et des énergies et sert la stratégie d'affaiblissement économique et militaire de la Russie.
Voilà pourquoi la troisième étape de cette spirale infernale sera l'engagement direct et progressif des forces de l'OTAN dans le conflit, engagement qui, peut-être, considéré comme déjà amorcé avec ce soutien du renseignement stratégique occidental au profit des forces ukrainiennes au combat et, augmenté cette semaine, de 7 avions de recherche électronique supplémentaires. D'ailleurs il est aujourd'hui plus que probable qu'un avion de reconnaissance de l'US Air Force P8 "Poséidon", qui était en mission au même moment et secteur, ait joué un rôle dans l'attaque contre le croiseur-amiral Moskva ce 13 avril 2022 au large d'Odessa.
A noter également dans le menu des provocations russophobes organisées les incidents actuels en Transnistrie (pro-russe) et Moldavie (pro-UE) qui risquent de voir une première internationalisation du conflit du fait de la présence d'un groupe opérationnel russe à Tiraspol (1500 hommes) et de la politique atlantiste de Chișinău .
Comme d’habitude, Washington flirte avec la ligne rouge, agit par procuration ou faux drapeau pour provoquer, étape par étape, la Russie qui, devant le chaos organisé à ses frontières, n'a pas d'autre choix (quitte à endosser le masque médiatique du méchant) que de frapper haut et fort appliquant l'enseignement de Machiavel :
"On ne doit jamais laisser se produire un désordre pour éviter une guerre car on ne l'évite jamais, mais on la retarde à son désavantage." ("Le Prince")
En conclusion
Comme le rappelait le Docteur Adam Leong Kok Wey il y a un mois, faisant référence lui aussi au bien aimé Thucydide, les opérations militaires russes en Ukraine ont été motivées par "la Peur, l'Intérêt, et l'Honneur", cette trilogie qui opposa dans le Péloponnèse Sparte à Athènes et leurs alliés ... il y a vingt-cinq siècles.
La Peur de voir l'OTAN atteindre ses frontières occidentales, plaçant ainsi Moscou à moins de cinq minutes des missiles stratégiques de Washington,
L'Intérêt de conserver sa position stratégique et économique en Mer Noire et même de la renforcer par un cordon littoral jusqu'à Odessa,
L'Honneur pour la Russie de défendre sa place et sa vision du Monde laquelle est largement plébiscitée par les peuples de la Fédération.
On peut appliquer la même trilogie pour motiver la stratégie étasunienne sauf que cette dernière est dans une dynamique hégémonique tandis que la stratégie russe (malgré la réalité des opérations militaires) est bien dans une position défensive existentielle, voilà pourquoi elle ne peut que gagner cette nouvelle guerre et une fois encore, dans l'Histoire européenne ensanglantée, quel qu'en soit le prix !
A l'heure d'aujourd'hui, il devrait y avoir des millions d'européens manifestant chaque jour dans les rues en faveur de la Paix, mais il n'en est rien comme depuis ces 8 dernières années de bombardements dans le Donbass. Et leur veulerie, leur insouciance, leur apathie, leur servilité, leur idiotie ... que sais-je encore, sont de facto un blanc-seing donné aux fous furieux qui dirigent l'Occident. Pire que cela, lorsque des voix s'élèvent dans les théâtres politico-occidentaux, c'est pour hurler contre Poutine et glorifier les fanatiques nazis du régiment Azov.
La fin du cycle occidental est décidément bien pathétique, mais il reste à espérer que l'Europe renaisse un jour lointain des cendres de l'Occident !
Erwan Castel