Présentation de Candide
Le maître à penser de Candide, le bon Pangloss, aimait à dire que: «« Il est démontré que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin.
Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses… Par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux. »
Candide, au cours de ses aventures, se rendit vite compte que Pangloss avait une vision trop simpliste des choses et était le précurseur de la fameuse pensée unique, tant dénoncée par Michel Onfray et Éric Zemmour.
Aujourd’hui, quelles seraient les questions qu’il se poserait s’il découvrait aujourd’hui la Belgique et pourquoi pas le monde ?
Le temps d’une chronique d’humeur irrégulière, nous le ramenons à la vie et lui laisserons exprimer ses étonnements.
Par son ignorance du monde et son désir de savoir, il aura la sérénité de l’innocence.
Sage dans sa candeur, il laissera la réflexion à ceux qui vivent l’événement, en sont parfois les auteurs, mais toujours les acteurs !
Première Chronique liégeoise de Candide
Les Wallons et les Flamands
Candide s’éveilla ma foi d’excellente humeur dans cette petite auberge liégeoise. Décidément l’air de Liège lui était profitable et il se réjouissait d’avance des découvertes qu’il allait faire dans ce pays tellement étranger à ses yeux.
En s’attablant devant une «fricasseye», mélange particulièrement savoureux d’œufs et de lard, accompagnée d’un grand bol de café noir, Candide déplia soigneusement le journal de l’endroit. Il est toujours bon de connaître les informations locales pour mieux comprendre les autochtones.
Un grand titre, en première page, attira son regard.
«La coalition Vivaldi a choisi Alexander De Croo comme premier ministre »
Candide apprit ainsi avec intérêt que le Pays de Liège était lui-même englobé dans un autre pays, une monarchie, la Belgique.
Un pays, avec plusieurs cultures et plusieurs langues différentes, avec des régions, des communautés, des provinces, l’ensemble chapeauté par un gouvernement fédéral, lui semblait extraordinairement complexe. Mais, après tout, cela devait certainement créer de l’emploi pour les hommes politiques et leur permettre d’entretenir nombre de cabinets et d’administrations eux-mêmes pourvoyeurs d’emploi bien rémunérés aux multiples avantages.
Son hôte, lui expliqua que cela offrait bien d’autres avantages.
D’abord, cela rassurait le liégeois d’entendre les ministres flamands parler à la radio d’une manière telle qu’il se disait que dans la Belgique future le vocabulaire et la grammaire française allait disparaître pour une espèce d’idiome typiquement local plus facile à utiliser.
Déjà, les journalistes commençaient à employer des mots nouveaux comme le «Kern», ce qui signifie en français ordinaire, le cabinet restreint. Une véritable simplification linguistique.
Le deuxième avantage était que les wallons étant peu doués pour le flamand, selon les constations faites par les statisticiens, ils n’auraient probablement plus jamais la trop lourde responsabilité de diriger le pays.
Bien sûr, certains de ceux-ci promettaient d’apprendre à parler la langue de Vondel en quelques mois mais était-ce bien raisonnable ? Il suffit d’entendre un Georges-Louis Bouchez essayer de l’utiliser pour se rendre compte de la difficulté.
Mais au fond, pourquoi pas ? Car il est certain qu’ils auraient difficiles à massacrer mieux le flamand que ceux-ci ne massacrent la langue de Voltaire.
Candide s’interrogea longuement sur ce qu’il venait d’entendre. Etait-ce le déclin d’un peuple fier qui avait eu autre fois une principauté brillante durant mille ans ?
Sur cette pensée pessimiste, Candide se servit un pékèt, boisson typiquement liégeoise, pour noyer ses interrogations, rejoignant ainsi sans le savoir un usage que Tchantchès utilisait pour y trouver sa source de raisonnement et la force d’interpeller Charlemagne.