Certains affirment, péremptoires, que le suicide de la malheureuse Alysson n’est que le geste d’une jeune femme fragile mentalement, effrayée par les difficultés d’une fermeture de son salon de coiffure pour cause de pandémie. Sans l’avoir connue, mais ayant été professeur en contact avec des dizaines de jeunes, je m’inscris en faux à cette affirmation. Se lancer dans l’aventure de l’indépendance sont au contraire des marques de caractère, de volonté, de foi en soi et en l’avenir et aussi souvent de passion. Mais il est la conséquence tragique des encouragements de nos gouvernants, affolés par l’augmentation des jeunes ne trouvant pas d’emploi dans une société de plus en plus soumise à la robotisation, à se lancer dans une aventure qui peut s’avérer trop souvent mortifère !
Dans un bilan sur les faillites publié par Trends Tendances en décembre 2017, cette revue économique déclarait déjà « Les jeunes entreprises restent un point sensible. 5% des faillites viennent d'entreprises créées en 2016 ou 2017. 40% viennent d'entreprises de moins de 5 ans. 65% viennent d'entreprises ayant maximum 10 ans d'âge et 75% d'entreprises de moins de 15 ans. ».
Alors qu’au aujourd’hui, la crise financière et que l’arrêt pratiquement total du commerce par confinement ont aggravé non seulement le risque de faillite de ces jeunes courageux qui, trop souvent ont emprunté aux banques, qui acceptent le prêt à condition qu’ils acceptent de mettre en gage leurs biens personnels, parfois même ceux de leurs parents qui signent pour aval, ne pas craindre la faim dans la rue et l’opprobre de l’échec total de sa vie. Tous les rêves de bâtir la « Start-up » qui allait être l’image de leur réussite, s’écroulent d’un seul coup.
Oui, sans le désirer, Alysson la barbière qui avait cru à une société où l’engagement total et le travail permettaient de réussir, s’est trouvée contrainte de ne plus pouvoir se battre et totalement abandonnée par elle et est devenue le symbole de la misère financière, du désarroi total, du désespoir de toutes ces petites entreprises déjà mises à mal par la concurrence des grands groupes financiers et maintenant pratiquement exécutées par un gouvernement en pleine panique sanitaire !
Mais plus encore qu’un symbole, elle est le cri, qui au-delà de sa mort, doit réveiller une conscience politique. Ce ne sont pas des « droits-passerelle » attribués froidement et avec une lenteur bien administrative que la survie de cette jeunesse admirable va être assurée et les numéros d’appel de prévention au suicide sont une aimable plaisanterie. Celui qui veut accomplir ce geste fatal ne téléphone pas pour demander qu’on lui dise de ne pas le faire. Ce sont des centres d’appel pour les désespérés oui, mais pour les futurs suicidés non !
Ce cri terrible, ce hurlement nous dit… redevenez humain, cessez d’être indifférent aux autres et vous, les politiques que nous avons élus, cessez d’avoir une bonne conscience en vous réfugiant derrière des slogans qui ne font qu’aveugler le peuple que vous êtes censé défendre !
Repose en paix, Alysson !
René G. Thirion