La coalition Vivaldi risque de nous jouer un drôle de concert dans les mois qui viennent.
Mariage insensé entre 7 partis aux idéologies opposées pour ne pas dire contradictoires et surtout pensant pouvoir associer les deux peuples qui constituent le royaume artificiel créé en 1830 sous la pression des signataires du Traité de Vienne de 1815 qui avaient cédé le territoire de la Belgique catholique aux Provinces-Unies (le Benelux actuel) et qui, face au nouveau royaume ,voulurent en faire un état tampon entre eux et la France au grand dam de Talleyrand qui déclara en 1832 « Les Belges ? Ils ne dureront pas. Ce n'est pas une nation, deux cents protocoles n'en feront jamais une nation. Cette Belgique ne sera jamais un pays, cela ne peut tenir… ».
Et de fait, très vite, la différence entre les cultures germanique et latine se marque et se manifeste dès la Première Guerre mondiale. Le vernis français qui couvrait l’ensemble fut territoire craque sous les coups de boutoir des premiers nationalistes flamands. Et commence leur longue marche contre un état qu’ils jugent injuste et qui les conduit au cours des ans à une autonomie de plus en plus importante.
Aujourd’hui, ils sont devenus une communauté flamande prospère, identitaire et unie face une communauté wallonne, en difficulté financière, nostalgique d’une Belgique disparue et multiculturaliste. Et par le résultat des élections fédérales et de compromis boiteux, après une longue crise institutionnelle de plus de 600 jours, le gouvernement se compose de 4 partis minoritaires en Flandre (plus de 6,5 millions) et de 3 partis majoritaires en Wallonie (quelque 3,6 millions).
Même avec un 1er ministre flamand sensé apaiser la gifle reçue, l’électeur flamand se sentant lésé va exercer une pression forte et constante sur le CD&V et l’Open VLD, tous deux mis en déroute électorale par la NVA et le Vlaams Belang, pour qu’ils ne cèdent pas à la politique laxiste de gauche du PS, d’Écolo acceptée par un MR complice.
L’on ne joue pas avec le peuple flamand et il est fort à parier que de graves dissensions apparaissent rapidement dans cette coalition hétéroclite au point qu’un de ces deux partis flamands, pour recouvrer sa crédibilité auprès de l’électeur, retire la prise comme le fit la NVA lors de l’adoption de pacte de Marrakech !
Qui sait, ce gouvernement prouvera peut-être que Talleyrand, diplomate à l’esprit tortueux, avait raison ?
René G. Thirion