Une ligne téléphonique pour la prévention du suicide chez les indépendants a été lancée en juillet 2020 à l’initiative de Christie Morreale, ministre wallonne de l’Emploi et de la Santé.
Loin de moi l’idée de critiquer cette charmante esneutoise qui tente à sa manière de répondre au drame des petits indépendants en graves difficultés financières, morales et sociales à la suite du confinement sanitaire et à la fermeture obligatoire de leur commerce. Une épreuve particulièrement pénible pour des petits entrepreneurs dont trop souvent la faible trésorerie assure l’avenir à court terme de l’entreprise, le paiement des factures de produits et services nécessaires à l’activité, le remboursement d’emprunts bancaires, le paiement d’impôts et taxes diverses, les charges de la location des locaux, le reliquat des recettes entrées constituant la plupart du temps le seul revenu familial.
De plus, le choix de la profession et de son statut peu protégé socialement est le fruit d’un goût prononcé de la liberté, d’une volonté de réussite et d’une passion à réaliser son rêve. Cela ajoute à une inquiétude croissante une profonde détresse sentimentale. il est donc aisé de se rendre compte des ravages physiques, mais aussi moraux entraînés par une fermeture obligatoire de trois mois, le quart d’une année comptable.
Mais une question m’interpelle. L’indépendant au désespoir de voir son monde brutalement s’écrouler autour de lui, va-t-il appeler cette ligne sensée lui sauver la vie ? Certes deux charmantes psychologues vont décrocher, écouter la souffrance qui lui tenaille le cœur et appliquer tout leur savoir pour qu’il n’accomplisse pas cet acte définitif et irréparable. Mais celui qui ne voit plus que cette solution tragique comme échappatoire à tous ses problèmes et qui a une réelle volonté de mettre fin à ses jours, va-t-il contacter ces dames pour le convaincre de ne point le faire ? Je ne le crois pas. Le récent suicide d’Alysson en est la preuve évidente.
Et l’horrible question se pose. Combien de suicides dans les prochains mois, imparables, inéluctables vont suivre cette horrible crise sur lesquels notre société jettera un voile pudique comme elle le fait déjà depuis longtemps sur ceux des petits fermiers ruinés. En France, il s’en suicide un tous les deux jours, mais en Belgique, c’est un sujet tabou. Tellement tabou qu’il n’y aucun chiffre, aucune statistique pour évaluer ce phénomène préoccupant.
Gageons qu’il en sera de même pour les victimes du petit commerce indépendant wallon soumis à la gestion calamiteuse d’un gouvernement !
René G. Thirion