Je vous le disais la semaine dernière. Toutes les banques sont par essence fragiles, très fragiles.
Encore une fois, elles sont toujours dans l’incapacité de rendre l’essentiel des dépôts à leurs clients si ces derniers les demandent tous en même temps et c’est NORMAL.
Le métier du banquier c’est de transformer les dépôts des clients en excédents en crédits pour les clients qui ont besoin d’argent. Cette activité est appelée transformation.
Vous avez bien compris que l’horizon de temps des deux variables du problème n’est pas le même. Les dépôts peuvent être récupérés à court terme, tandis que les crédits sont eux remboursés sur le très long terme. Du coup les banques n’ont jamais vos sous puisque vos sous ont été prêtés à d’autres !
Les fonds propres et les ratios de liquidité sont là pour rassurer, mais quand ils sont de 10 % il n’y a de quoi que rembourser 1 euro sur 10. Pas fameux donc. Mais cela ne pourra jamais être mieux sauf à dire qu’une banque ne peut ni prêter, ni placer, ni investir l’argent de ses clients. Bref, vous l’avez compris, une banque c’est fragile car aucune, aucune ne peut résister à plus de 15 % de retraits de ses clients sur quelques jours.
C’est évidemment valable pour la Deutsche Bank, la banque européenne la plus fragile et qui inquiète le plus après le Crédit Suisse dont le cas a été réglé. Enfin réglé, disons que c’est un petit peu plus compliqué que cela et que chez nos voisins les helvètes quelques voix s’élèvent pour contester les méthodes retenues de sauvetage.
Mais revenons à nos voisins les Allemands.
La Deutsche Bank est la plus grande banque allemande. 1 300 milliards d’euros de bilan et plus de 20 000 milliards d’euros de produits dérivés. Oui, 20 000 !!! Bon c’est du notionnel, ce qui veut dire que ce ne sont pas les positions nettes qui seraient à payer en cas de catastrophe, mais cela donne une bonne idée de l’ampleur potentielle des dégâts. La Deutsche Bank a le potentiel systémique, et peut faire sauter 10 fois le système bancaire européen, puis mondial.
Les actions de Deutsche Bank AG se sont effondrées en fin de semaine dernière tandis que les CDS sur défaillance sur la banque allemande ont bondi au milieu des inquiétudes plus larges concernant la stabilité du secteur bancaire. Les « CDS » ce sont les crédit défaut swap, et c’est en gros une assurance sur le risque de faillite d’une entreprise. Quand ils deviennent plus chers, c’est que le marché considère que l’entreprise concernée a de plus en plus de chances d’aller au tapis.
Les marchés risquent d’être terriblement tentés de tester la détermination de la BCE et de l’Union européenne à sauver les banques. Et c’est là tout l’enjeu de ce qu’il se passe.
Les marchés veulent savoir si la BCE sauvera toutes les banques et du coup quels sont leur risque final et sur quelles entités.
Les marchés veulent que les taux baissent.
Les marchés veulent également que la BCE donne des liquidités, encore plus, toujours plus de liquidités car les marchés et l’économie sont drogués à l’argent pas cher et ultra abondant.
Voilà où nous en sommes.
À la veille vraisemblablement d’un test par les marchés de la détermination, mais surtout de la capacité de la BCE à agir et à rassurer.
Passionnant.
En attendant soyez prêts à agir dans l’urgence pour répartir vos fonds comme je vous l’ai expliqué dans le dernier flash Stratégies. N’oubliez pas non plus de relire le dossier de Septembre 2019 cruellement d’actualité intitulé « Tempêtes bancaire et monétaire, comment protéger son patrimoine en se débancarisant et en se démonétisant ». Pour ceux qui veulent s’abonner tous les renseignements sont ici.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.
Préparez-vous !
Charles Sannat
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